Après Jim Dine, Claude Viallat et Tadashi Kawamata, la Fondation GGL est heureuse de consacrer une exposition à Olympe Racana-Weiler (née en 1990). L’artiste est la première à donner le coup d’envoi d’une succession de trois figures féminines de l’art contemporain. Olympe Racana-Weiler vit sa peinture comme une danseuse vit la musique. L’artiste aux multiples talents crée une symphonie de couleurs dans ses toiles abstraites, souvent dans un format qui se confronte à l’immense. Connue pour capturer avec précision la poésie de la peinture, l’artiste est guidée par son instinct et son énergie, ne se laissant jamais submerger par la puissance des espaces qu’elle compose.

Le jeune peintre fait partie des cinq créateurs qui ont créé des œuvres permanentes au sein du bâtiment emblématique de l’Hôtel Richer de Belleval, à savoir Jim Dine, Abdelkader Benchamma, Marlène Mocquet, Jan Fabre, et désormais Olympe Racana-Weiler. Dans le boudoir menant aux chambres, elle crée « Le Chant de la sibylle » en peignant une pièce entière, murs et plafond, pendant un mois entier. Le résultat est une immersion profonde, joyeuse et exaltante dans la peinture.

C’est un peu ce sentiment océanique que l’on éprouvera dans son exposition qui réunit des peintures, mais aussi des gravures et un dessin sur bois. On sait peu qu’une grande partie de l’œuvre du jeune peintre est gravée, et « Journal » permet d’explorer cet aspect avec des sérigraphies monotypes, des carborundums et des gravures sur bois. Ce qui caractérise ces estampes, c’est l’émergence du visage, comme si un visage saint émergeait de la matière. Des visages qu’on imagine enfouis sous la peinture des tableaux.

« Le Chant de la sibylle » évoque le couloir long et étroit, « l’Antre de la sibylle », au bout duquel la prophétesse de Cumes (près de Naples) prononçait ses oracles dans l’Antiquité, mais aussi la liturgie médiévale éponyme, principalement chanté en catalan, qui traite de la fin des temps. L’exposition s’intitule « Journal » car la pratique de Racana-Weiler se construit au jour le jour, puisant son essence dans tout ce que le quotidien apporte à la vie de l’artiste.

Richard Leydier, directeur artistique de la Fondation GGL.